«Damnation» est un film d’une noirceur extrême. Bela Tarr y raconte la déchéance d’un homme qui aime sans retour, et qui à force d’échecs et de déceptions finira littéralement comme un chien, fou et abandonné de tous. La photographie imposante en noir et blanc, l’utilisation amplifiée des sons, les plans-séquences contemplatifs, l’étirement du temps… par bien des aspects formels «Damnation» rappelle l’oeuvre d’Andrei Tarkovski. Mais il demeure infiniment plus pessimiste, plus désespéré : thématiquement les rapports avec le cinéaste russe sont beaucoup plus éloignés. Ici pas d’intervention de Dieu mais plutôt de la fatalité, les hommes sont livrés à eux mêmes dans un monde apocalyptique où l’espoir est absent : tous aspirent à changer leur condition mais la vie en décide autrement. Mélancolique et misérable, «Damnation» est un long métrage qui s’illustre par l’extraordinaire talent de mise en scène du cinéaste hongrois et par la terrible désolation de son propos. Un film admirable, mais exigeant et difficile.
source : http://artetpoiesis.blogspot.fr/